MA VILLE, MA LIBERTE

Ce texte est ma participation à l’atelier d’écriture n°279 du 9 octobre 2017 sur Bric à Book

© Kot

En ce jour de septembre, j’étais encore heureux. Du haut de la tour sud je voyais le ciel bleu. Ma vie était limpide, mon avenir prometteur et en homme cupide rien ne me faisait peur.

Mais c’était sans compter sur la nature humaine, ses sentiments de haine qui vers la mort entraînent.

Quand juste avant l’impact avec l’oiseau de feu un bruit assourdissant me fit lever les yeux, je vis le monstre fou aux ailes déployées, nous frapper de plein fouet pour tuer la Liberté !

Tout tangue autour de moi, tout se met à trembler. Envahi par l’effroi je reste pétrifié, car j’assiste sans voix au défilé sans fin, de corps démembrés dont les cris reste vains. Tous ces pleurs, toutes ces plaintes accaparent ma pensée, le feu et la fumée m’empêchent de respirer.

Je ne sais pas encore que tout va basculer, que mon illustre tour va bientôt s’effondrer, mais mon instinct me dicte qu’il me faut m’en aller. Alors sans plus attendre je vais vers l’escalier, pour sortir du méandre et pour ma vie sauver.

La descente est sans fin, on est tous alignés, on est tous dans un train qui ne peut s’arrêter.Quand enfin de l’air libre j’aspire une goulée, la tour perd l’équilibre : morceaux de vies broyées…

Puis le temps a filé et 16 ans ont passé.

Nous sommes en septembre, le ciel est encore bleu. Mais moi toujours je tremble et ne suis pas heureux.

Ma vie est un cauchemar, polluée par le passé. La hauteur me fait peur, je vis au rez-de-chaussée. Bannis les escaliers, les marches à descendre. Aujourd’hui dans la rue je n’ose plus me rendre et reste dans ma loge isolé et perdu.

Cependant ce matin je suis déterminé, à combattre l’horreur, à chasser mes frayeurs. Il y a eu tant de morts et tellement de blessés, je ne peux les trahir en me laissant mourir.

Et puisque la faucheuse n’a pas voulu de moi,  que j’ai la chance de vivre et d’être toujours là, Dans les rues de la ville, je m’en vais témoigner, crier, chanter, hurler ! Vive la liberté !

©Jos Gonçalves le 2 octobre 2017


 

12 réflexions sur “MA VILLE, MA LIBERTE

  1. Leiloona 10 octobre 2017 / 14 h 19 min

    Bel hymne aussi à la liberté, un peu comme Sab ! J’aime le rythme de vos textes ! (le lien fonctionne bien cet après-midi, tu as eu des soucis hier ?)

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    • Josplume 10 octobre 2017 / 17 h 52 min

      Ah, cette liberté ! Elle en fait couler de l’encre ! Merci Leil de ton commentaire 🙂
      Oui, j’ai un peu de mal avec la mise en ligne de mon texte… En fait j’ai l’impression que cela dépend du support que j’utilise (tablette, ordi…) et parfois il reste en brouilllon ! grrrrrr ! Ca m’énerve à un point ! Mais bon, encore un domaine dans lequel il faut que je m’améliore (pffff la liste devient grande !!).
      A bientôt Leiloona.

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  2. Nady 10 octobre 2017 / 16 h 39 min

    Tu sais comme je la chéris la liberté ? Alors ton ode à la liberté ne peut que me satisfaire avec en prime plein de belles rimes ! Congrats Jos !

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    • Josplume 10 octobre 2017 / 17 h 54 min

      Oh que oui je sais que la Liberté t’est chère ! Et comme je te comprends ! C’est je crois le combat d’une vie. Merci Nadine 😉

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  3. Cécile C 11 octobre 2017 / 7 h 22 min

    Bonjour,
    Ah cette note de joie, d’envie de vivre fait chaud au coeur !! Je lui souhaite d’être à nouveau heureux. L’espoir fait vivre dit-on, Dans ce texte, j’ai le sentiment que l’espoir fait revivre …
    Merci pour cette jolie lecture

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    • Josplume 11 octobre 2017 / 12 h 00 min

      C’est tout à fait cela…L’espoir permet de rebondir et de revivre malgré tout ! Merci de ta visite Cécile 🙂

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  4. Valérie 11 octobre 2017 / 13 h 16 min

    Un très beau texte Joss, tant sur le fond que sur la forme. Le 11 septembre a fait couler beaucoup d’encre et aujourd’hui encore, 16 ans après on ne peut oublier. Des attentats, il y en a eu d’autres et malheureusement s’arrêteront-ils un jour mais celui-là fut particulièrement marquant. Comme tu le dis si bien, pour ceux qui ne sont plus là, continuons d’être libres, forts, debout et vivants . Merci.

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    • Josplume 11 octobre 2017 / 17 h 19 min

      C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’autres attentats depuis, mais celui ci me semble être celui de l’ouverture d’une longue série. La photo contrastée, son côté sombre mais aussi cette colonne de lumière au milieu, m’a fait penser à ce triste événement tout en m’inspirant un rayon d’espoir !
      Merci Valérie d’être passée par là 🙂

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  5. adèle 11 octobre 2017 / 16 h 43 min

    16 ans ! Mais je m’en rappelle comme si c’était hier !
    J’ai vu chez moi les images de la première tour s’effondrant, puis je suis partie chercher mon fils au collège, Dans la voiture, quand l’autoradio a annoncé l’écroulement de la deuxième, j’ai eu bien du mal à retenir mes larmes, en pensant aux milliers de morts qu’il y aurait probablement.
    Mon dieu, la folie des hommes !
    Vivre en gardant à l’esprit qu’à tout moment le bonheur peut déserter. Et le combat pour la liberté, notre liberté !
    Quel texte émouvant !

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    • Josplume 11 octobre 2017 / 17 h 29 min

      Oui, ce fut un jour terrible et je remarque que l’on se rappelle toutes et tous ce que nous faisions au moment précis de cet événement qui nous a cloués sur place. Et pourtant petit à petit, chacun a fini par surmonter le traumatisme. J’ai même l’impression que plus la liberté est attaquée, plus on ose la revendiquer haut et fort !
      Alors bien sûr…je n’allais pas m’en priver ! 🙂
      Merci de ta visite et de ton commentaire Adèle.

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  6. janickmm 14 octobre 2017 / 8 h 06 min

    Bien sûr, c’est magnifique, à lire voix haute, à voix basse, il faudrait le lire aussi de là-haut, tout en haut et aussi sur le bitume, partout et le crier aussi et le lire et le relire. Moi aussi la hauteur de ces tours me donne le vertige du passé d’un certain 11 septembre, merci à toi

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    • Josplume 14 octobre 2017 / 11 h 01 min

      Oh ! Un grand merci Janickmm de ce commentaire touchant ! Alors que certaines photos de l’atelier m’inspirent souvent des angles différents, celle ci m’a immédiatement fait pensé à ce triste jour. Impossible d’y voir autre chose, impossible pour moi de ne pas pousser ce cri pour la liberté !
      D’ailleurs ce texte fait partie de ceux que je lirai lors de notre rencontre du 4 novembre. Il y a des cris qu’il ne faut pas s’empêcher de pousser…quitte à seriner ! 🙂
      Encore merci de ta visite !

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