Ce texte est ma participation à l’atelier d’écriture n°296 du 5 mars 2018 sur Bric à Book
Cela faisait 6 jours que l’homme n’était pas sorti de sa chambre sombre et silencieuse. Il s’y était isolé en même temps qu’il s’était recroquevillé sur lui-même, et avait dès lors perdu la notion du temps.
Tous les jours, une main bienveillante frappait doucement à la porte et déposait sans attendre un plateau repas sur le sol.
Un matin pourtant, on entra dans la pièce sans prévenir et sans un mot, et on se dirigea d’un pas déterminé vers la fenêtre. La main – plus vive et déterminée qu’à l’accoutumée – ouvrit les rideaux d’un geste sec. Puis, sans tenir compte des grognements qui s’échappaient du lit, elle poussa les volets, anéantissant ainsi les barreaux imaginaires qu’il croyait indestructibles. On sortit comme on était entré, d’un pas résolu, et on laissa la fenêtre ouverte.
La lumière inondait la pièce et parvenait à traverser les paupières clauses de l’homme. Perturbé dans sa volonté de ne plus faire partie du monde des vivants et dans son désir de laisser au temps le temps le détruire, l’homme garda obstinément les yeux fermés. Il voulut résister à la douceur de la caresse de l’air sur sa peau ridée, à la tiédeur des rayons de soleil qui déjà réchauffaient son corps, aux gais pépiements des oiseaux qui semblaient l’appeler, au chant délicat de la brise légère qui voulait le ramener à la vie.
Il y mit toute sa force et son courage, mais après un long combat, il succomba à l’appel de la nature en éveil et ouvrit les yeux.
Un moment ébloui il distingua à peine le saule pleureur qu’il avait planté là, 60 ans plus tôt. Quand enfin ses yeux acceptèrent de s’ouvrir en grand sur la fenêtre qui donnait sur le printemps, il vit son arbre préféré s’épanouir à travers l’éclosion de ses pousses.
Il brisa alors le carcan qu’il avait endossé quelques jours auparavant et imitant les bourgeons de son ami de toujours, il accepta de revenir à la vie.
*Le plus timide bourgeon est la preuve qu’il n’y a pas de mort réelle. « William Blake »
© Jos Gonçalves le 5 mars 2018
Comme ta plume fait du bien à la lecture ! Toujours délicate, sereine, fluide jusque dans chaque détail ! La chute est inattendue, le passage sur l’arrivée de cette nouvelle aide médicale trop brusque m’a presqu’agacé pour lui mais en fait comme parfois, il faut un petit coup d’énergie vive pour faire renaître une personne qui s’éteint seule… Merci, tout simplement Jos !
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Oui, un petit coup de main pour redonner goût à la vie ! Merci à toi Nady de ton enthousiasme ! 😉
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c’est très beau ce texte. j’aime l’idée que qqn veille délicatement sur cet homme, et que tout doucement la nature est plus forte que sa tristesse.
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Il a suffit d’une main généreuse et déterminée…et la nature a fait le reste ! Merci de ta visite Blandine !
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La nature qui redonne vie à l’homme. J’aime beaucoup ce texte qui va à l’essentiel. Très belle plume également, un régal!
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On oublie souvent la beauté de la nature qui nous entoure…on ne la voit plus, jusqu’au jour où l’on revient à l’essentiel et ou l’on s’aperçoit qu’elle tient presque du miracle. Merci de ton commentaire Marie !
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Bravo Jos pour ce texte. Je ne sais pas comment le qualifier… il m’a plongé quelques instants dans un nuage de beauté et de sensualité. Merci Jos
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Rhoo ! Merci Terjit de ton retour !
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Une douce renaissance, un goût nouveau à la vie, et les pépiements des oiseaux, merci à la main innocente qui a ouvert la fenêtre et en a décidé autrement. Apaisante lecture.
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Les petits gestes ont parfois de grandes conséquences… Merci Janickmm !
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J’aime beaucoup l’optimisme de ce texte et le fait que la vie triomphe malgré tout. Personnellement, j’associe depuis longtemps la renaissance à un crocus jaune. Je surveille chaque année l’apparition du premier et je trouve incroyable que mon fils soit justement né ce jour-là l’an dernier.
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Merci L’atelier sous les feuilles ! Mes textes sont souvent optimistes… ils me ressemblent je crois 😉
(tiens ! j’entends soudain Leiloona me dire de sortir de ma zone de confort;) ).
Et je crois sincèrement que c’est lorsque que l’on pense que plus rien n’est possible que le meilleur peut arriver…
Merci encore de ton commentaire (et bon anniversaire à ton fils…si ce n’est pas trop tard !)
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J’ai tendance à écrire des textes résolument optimistes aussi…
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Le printemps et le réveil de la nature, ça nous redonne de l’énergie… sauf si le temps est gris!
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Oui, c’est vrai que le printemps est énergisant…et même si le temps est gris, il l’est toujours moins qu’en hivers, les journées sont plus longues, la lumière n’est pas la même, et la nature se réveille dans tous les cas !
Bon c’est facile à dire pour moi qui suis en ce moment en vacance à Toulon et que le soleil est ce matin, au rendez-vous… 😉
Merci La plume et la page !
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Superbe texte : nous retrouvons ta sensibilité, et une thématique qui t’est chère (je crois) avec celle de la personne vieillissante ou amoindrie (pour x raison) … Mais nulle fatalité dans ta prose, c’est doux, et je ne peux qu’aimer le message final. Bravo.
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Sans que je sache vraiment pourquoi, c’est vrai que c’est un sujet que j’aborde souvent…Merci Leiloona de ton commentaire 😉
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Un texte plein de sesensibilité qui illustre à merveille ta citation. C’est plein d’espoir et ça fait du bien. merci
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Hello, me voilà, j’ai aussi ouvert rideaux et fenêtres vers ton clair de plume…que la photo est belle aussi … ça valait le coup d’un petit tour, merci
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Merci à toi d’avoir fait ce petit tour Thontine !
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