Ce texte est ma participation à l’atelier d’écriture n°264 du 24 avril 2017 sur Bric à Book

La main posée sur la poignée de la portière de sa Land Rover, Félix admira la vue qui s’étalait devant lui en toute simplicité. C’était un aventurier, un artiste qui se sentait libre, aimait la solitude mais voulait toucher les gens à travers son œuvre. Son art était une manière de vivre, une façon de voir les paysages et d’aller vers les hommes, sans parti-pris.
Arrivé la nuit même, il n’avait pu qu’imaginer les reliefs et la beauté de l’endroit. Excité par la perspective du lendemain et impatient de voir se lever le jour, il avait eu du mal à trouver le sommeil. Pourtant il se réveilla de bonne heure et se prépara avec hâte et détermination.
C’était le moment qu’il préférait. Celui de la rencontre avec les lieux. Et ce matin encore, cet instant magique et exaltant que lui procura la découverte du site qu’il allait arpenter pendant des heures pour réaliser sa passion, le remplit de bonheur. Il s’imagina jouer avec la pierre angulaire de son art : la lumière, cette fabuleuse énergie qui mettait la couleur en mouvement. Il en utiliserait les variations infinies pour donner un résultat différent à la même prise de vue. Il en capterait les tons froids et bleutés proposés à l’aube, les couleurs neutres offertes à la mi-journée, les nuances orangées révélées au crépuscule.
La magie du moment ayant fait son effet, Félix s’empara de son appareil et descendit de la voiture.
Il sourit. Convaincu que son art ne se résumait pas à figer un paysage sur des clichés, il partait peindre avec la lumière, écrire avec le soleil et offrir son œuvre aux amoureux de la photographie.
©Jos Gonçalves le 24 avril 2017